Dans Emily in Paris, concocté par le créateur de Sex and the City, Darren Star, la délicate et délicieuse Anglaise Lily Collins se glisse dans la peau d’une jeune femme de Chicago envoyée du jour au lendemain travailler à Paris, où on lui dit tout de suite qu’elle a l’air «trop américaine». La métamorphose chic d’Emily et son éducation française s’opèrent sous nos yeux en dix mini-épisodes trépidants. Tous les clichés sur la vie parisienne y passent… mais pour notre plus grand plaisir! Une comédie champagne, dont la réussite tient beaucoup à sa pétillante interprète.
Avec Emily in Paris, on oublie Sex and the City ?
Lily Collins. J’ai tout de suite avoué à Darren Star que j’avais grandi en regardant Sex and the City… mais nous voulions que cette série ait un charme unique. Les relations amoureuses ne sont pas la priorité d’Emily. C’est le récit d’une fille d’aujourd’hui, indépendante, avec son téléphone à la main, branchée en permanence sur Instagram… des outils agaçants que Darren arrive à rendre sympathiques. La série veut toucher les millennials.
Vous nous faites aussi oublier une bonne fois pour toutes que vous êtes «la fille de» !
L.C. Je suis fière de ma famille, mais j’ai travaillé dur pour me tailler ma propre route. J’ai eu des rapports très tendus avec mon père : être la fille de Phil Collins est un peu compliqué… J’en ai parlé dans un livre («Unfiltered», où Lily Collins évoque aussi son combat passé contre l’anorexie, ndlr). Mais, pour incarner la joie de vivre d’Emily et son énergie à toute épreuve, j’ai dû laisser mes lourds dossiers à l’entrée de l’appartement parisien où j’ai habité pendant les quatre mois du tournage. A 31 ans, Emily m’a libérée.
Cette Emily si fraîche semble vous ressembler…
L.C. Je suis aussi tenace. Lorsque Peter Jackson ne m’a pas retenue pour Le Seigneur des anneaux… je me suis vengée en jouant celle qui a inspiré à Tolkien la princesse des Elfes dans le film Tolkien. (Rires) J’ai aussi son optimisme. Nous vivons un moment noir de l’histoire. Emily in Paris est arrivé au bon moment pour décompresser. Comme dans les comédies romantiques,,nous devons nous autoriser à nouveau à nous abandonner au rire, à l’amour, à la vie.
La mode est au cœur d’Emily in Paris.
L.C. J’adore la mode, j’adore la Fashion Week de Paris ! Mais, au divorce de mes parents, lorsque j’avais 5 ans, je suis allée vivre à Los Angeles, et je n’ai pas, hélas, le glamour décontracté des Parisiennes. C’est Patricia Field, la légendaire costumière de Sex and the City et du Diable s’habille en Prada, qui m’a transformée. Emily n’est pas unefille dans le vent. Au début, elle est très girlie, en quête de ce «je ne sais quoi» français. Sa chevelure, par exemple, est toujours parfaite, impeccablement ondulée, alors que les Parisiennes laissent leurs cheveux tomber et acceptent leurs imperfections. Et, bien sûr, elles ne portent plus de béret… on a juste eu envie de s’amuser avec ces clichés.
Patricia Fields vous compare à Audrey Hepburn, dans la jolie scène hommage où Emily va à l’Opéra Garnier.
L.C. (Elle rosit) La comparaison ne tient qu’à mes sourcils. (Rires) Personne ne peut être comparé à Audrey Hepburn. Cette scène à l’Opéra a été ma préférée à tourner, parce que Garnier nous a ouvert ses portes toute la nuit. J’ai donc vraiment pu m’habiller comme Audrey dans Sabrina, et devenir une princesse dans ce lieu enchanteur. Je n’oublierai jamais.
La série s’en donne à cœur joie avec tous les clichés sur les Français : méprisants, arrogants, râleurs, fumeurs…
L.C. Et sexy ! (Rires) Darren Star est francophile, il a toujours rêvé de vivre à Paris. Il a écrit la série sur place. Il s’est aussi inspiré des expériences d’une vraie expatriée (Rebecca Leffler, une Américaine qui a notamment été journaliste cinéma pour Canal+, ndlr) qui a travaillé dans la publicité, comme Emily. Darren voulait à la fois mêler le réalisme de Paris, des anecdotes vécues, et ajouter sa version rêvée et glamour de ce qui pourrait être la vie parisienne pour une Américaine à Paris qui ne parle pas un mot de français !
Pour vous, Paris, c’est… ?
L.C. J’adore Paris ! J’ai plein de copines parisiennes, ce sont même elles qui nous ont donné pas mal d’anecdotes croustillantes ! (Rires) Et certaines mésaventures, comme l’épisode du chauffe-eau qui tombe en panne pendant la douche, me sont arrivées dans ma petite chambre parisienne pendant le tournage ! Mais la série est avant tout un divertissement sympathique, c’est pour cela qu’on y trouve même Brigitte Macron !
On va vous revoir dans Mank, de David Fincher, qui raconte la course contre la montre du scénariste Herman
J. Mankiewicz pour terminer d’écrire Citizen Kane.
L.C. Encore du bonheur ! Pendant le tournage d’Emily, je prenais l’avion le week-end pour aller répéter avec David Fincher. Le film, en noir et blanc, se déroule dans le Hollywood des années 1930. Le casting, Gary Oldman, Amanda Seyfriend, est étincelant, et David Fincher est fascinant ! Il sait exacte- ment ce qu’il veut et il sait comment l’obtenir. Alors, même si vous devez faire et refaire chaque prise des centaines de fois, c’est génial. Mon rôle dans Mank, vous verrez, est à l’opposé du personnage bouillonnant et candide d’Emily.
Propos recueillis par Juliette Michaud
Photographie Andrew Eccles
La série «Emily in Paris» est diffusée sur Netflix depuis le 2 octobre. La saison 2 a été confirmée par Netflix.
Le film «Mank», de David Fincher, à découvrir aussi sur la plateforme Netflix.
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