«J’aime mélanger les pierres et les couleurs»
Depuis bientôt soixante ans, le célèbre joaillier londonien David Morris signe des collections aux couleurs sublimes. Jeremy Morris, le fils, qui a récemment repris les rênes, aime les pierres de couleur, qu’il compose comme des bouquets. Il nous livre ses coups de cœur.
Vous adorez les pierres de couleur. Pourquoi sont-elles si importantes pour vous ?
Jeremy Morris. L’une des signatures de mon style est de jouer avec les compositions de couleurs. J’aime assembler les pierres et voir comment leurs nuances dialoguent et créent des tonalités uniques. Je viens de terminer une bague avec un saphir Padparadscha, et je ne peux plus la quitter des yeux tant la pierre de centre éclipse toutes les autres par sa vivacité et son intensité. Je n’ai jamais vu ça ! J’ai un bon œil pour les couleurs et j’adore découvrir de nouvelles pierres. C’est une expérience magnifique.
Comment les choisissez-vous ?
J.M. Depuis toujours, j’ai de bonnes relations avec mes fournisseurs, fondées sur le respect mutuel, la confiance et la fidélité. Quand ils ont entre les mains des pierres très rares, ils contactent en priorité David Morris, avant nos concurrents. Ces pierres sont très recherchées. Elles me passionnent au point que je traverse le monde pour aller les chercher moi-même, et je sais que mes clientes vont les aimer.
Quelle est votre pierre préférée ? Etes-vous déjà tombé amoureux d’une pierre ?
J.M. Je n’ai pas de pierre favorite, elles me fascinent toutes. Quand elles sont exceptionnelles, je regarde l’intensité de la couleur. Taillées en poire sur des pendants d’oreilles, l’effet peut être magique. Vers la fin des années 1980, on a découvert la mine de Paraíba au Brésil, qui fournit des tourmalines d’un turquoise bleu-vert incroyable, avec une vivacité et une intensité qui n’existent nulle part ailleurs. Présenter une pierre comme celle-ci à une cliente, c’est un vrai moment d’émotion. Toutes les matières que nous utilisons en joaillerie me passionnent. En ce qui concerne les pierres, je donne toujours la priorité aux pierres de centre. Donc tout le travail consiste à concevoir la bague pour les mettre en majesté. J’aime mélanger les pierres et les couleurs et aussi donner un twist de modernité à une pièce qui restera un intemporel.
Quelle est la plus belle pièce que vous ayez jamais réalisée ?
J.M. Difficile de citer une seule pièce. Chacune a un véritable sens pour moi. La réalisation peut prendre des années, et rechercher la pierre parfaite, des mois. Les chokers sont le point d’orgue de notre nouvelle collection de haute joaillerie, présentée lors de la Fashion Week de juillet. Je crois qu’ils reviennent à la mode, et, comme je n’en avais pas dessiné depuis longtemps, j’ai voulu créer quelque chose d’audacieux, qui sorte des sentiers battus, comme le choker Amaryllis, avec son ensemble de rubis magnifique.
Avez-vous le souvenir d’une pièce particulièrement difficile à réaliser ?
J.M. Chacune est un défi ! Avec ses 86 carats d’opale, les boucles d’oreilles Neptune ont demandé beaucoup de travail pour rester légères sur les oreilles tout en gardant leur originalité. Trouver les pierres, les tailler et composer l’ensemble a pris plus d’une année.
Quels bijoux les femmes recherchent-elles aujourd’hui ?
J.M. Les femmes s’achètent de plus en plus leurs bijoux. Attendre le cadeau, c’est fini. Il y a une demande pour le bijou à porter au quotidien, moins cher, ce que nous offrons avec notre nouvelle collection Berry. Ces bijoux sont parfaits pour les millénials qui rentrent dans la marque et veulent des bijoux accessibles.
Propos recueillis par Isabelle Hossenlopp
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