Avec ses sonorités délicates et féeriques, la harpe a conquis une place à part dès l’Antiquité. «On en trouve en Mésopotamie et en Egypte ancienne. Sa facture n’a eu de cesse d’évoluer au fil du temps pour trouver son apogée avec la harpe à pédales au tout début du XXe siècle. Cela a suscité l’intérêt de compositeurs qui ont redécouvert l’instrument : Fauré, Ravel, Debussy, Mahler et Richard Strauss, jusqu’à nos jours», s’enthousiasme Anaëlle Tourret, une de nos plus grandes harpistes françaises.
Issue d’une famille de musiciens, la jeune trentenaire a été récompensée de plusieurs prix au concours international de harpe en Israël en 2015, puis lauréate du prix Berenberg en 2019. Formée au conservatoire à rayonnement régional de Paris auprès de Ghislaine Petit-Volta et Nicolas Tulliez, elle effectue ensuite un master à Hambourg dans la classe de Xavier de Maistre, soliste renommé après dix ans passés au Philharmonique de Vienne. En 2018, elle remporte le concours de première har-piste soliste au NDR Elbphilharmonie Orchester, dont les concerts ont lieu dans l’imposante et moderne Elbphilharmonie de Hambourg. «Cette salle est phénoménale, un moteur de tous les jours pour chercher un son, une couleur, une énergie.»

©Harald Hoffman
Anaëlle y a réalisé le premier enregistrement exclusif pour harpe avec son orchestre. A cette occasion, elle a choisi le Concerto pour harpe de Reinhold Glière, une œuvre d’inspiration romantique composée en 1938 à retrouver dans son deuxième album : Perspectives concertantes. Au programme également, le Concertino pour harpe d’Ernst von Dohnányi, une autre œuvre injustement oubliée que la cheffe Bar Avni, lauréate du concours La Maestra en 2024, lui a fait découvrir et enregistrer avec l’Orchestre de chambre de Stuttgart. La Danse sacrée et la Danse profane de Debussy, «le fer de lance du répertoire concertant», concluent cet enregistrement magistral. Anaëlle mène de front sa carrière en orchestre, parfois en invitée à l’Orchestre de Paris, à celle de soliste et chambriste, et aussi de professeur à Hambourg. «J’adore être inspirée par des grands», confie la musicienne, récemment bouleversée par Les Cerfs-volants de Romain Gary et «la folie artistique qu’est le ballet du Lac des cygnes» à l’Opéra de Paris.
Alice de Chirac
Image de couverture : ©Harald Hoffman
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