Nous avons eu la chance de pouvoir pénétrer dans l’antre de Serge Gainsbourg avant l’ouverture officielle de la Maison Gainsbourg le 20 septembre. La maison, les intérieurs, les objets de collection, la visite du musée… on vous raconte tout !
Munis d’un casque audio et d’une petite tablette, les visiteurs patientent sur le patio. L’entrée se fait 2 par 2. Attente, la pression monte, c’est enfin à nous. Casque sur les oreilles, tablette autour du cou, Charlotte Gainsbourg nous parle, nous guide et nous raconte. Nous voici dans la pièce principale, chargée de décorations, sombre, quelques photos de Bardot, Birkin, Bambou, Charlotte… Le canapé usé, le fauteuil de dentiste anglais et sa trace assise… La nostalgie nous trouble: nous voilà en immersion totale dans la vie de la famille Gainsbourg. Nous quittons la pièce, Charlotte nous guide vers un couloir extérieur qui donne accès à la cuisine, une petite cuisine très bien rangée, Serge l’aimait comme ça. Une télé est poséee sur la table, Charlotte nous explique qu’ils mangeaient tout le temps devant la télé… On retrouve dans le frigo transparent des boîtes de conserve, des Yes… Sur la table, un petit sachet de cookies MacDo des années 80… Des bouteilles de vin patientent au-dessus de la cuisinière… Charlotte nous confie que son père ne mangeait qu’avec une fourchette, toujours la même, piquée chez Maxim’s… gardée précieusement chez elle.
Nous avançons en silence et nous découvrons la pièce principale de l’autre côté: un piano à queue trône en plein milieu. Des insignes de policiers partout sur une table avec quelques paires de menottes… que les agents des forces de l’ordre lui laissaient au cours de beuveries nocturnes. « Tout ce qu’il pouvait prendre aux policiers le rendait heureux », commente Charlotte. A côté du grand piano noir, un plus modeste piano droit, sur lequel Charlotte a appris à jouer. Puis, des paquets de Gitane sur le bar, des mégots laissés dans un cendrier… Direction le hall qui mène à l’étage, quelques photos de lui et de sa marionnette des Guignols de l’info, des photos de Marilyn Monroe… de Jane (beaucoup), de Bambou aussi… A l’étage, la première chose que l’on voit c’est son dressing minimaliste, « il n’avait besoin de rien » on y aperçoit 10 vestes max, 3/4 jeans, des t-shirts et 5 paires de Repetto… « sans chaussettes, jamais, même au ski » précise Charlotte… En face, la « chambre des poupées », en porcelaine posées sur un lit, on nous dit que c’était la chambre de Jane Birkin, « là où elle pouvait mettre tout son bordel ». Ce sera plus tard la chambre de jeux de Charlotte.
Au bout du couloir, le bureau, avec un énorme fauteuil en cuir. Beaucoup de photos des proches. Des livres par centaines, dont des volumes rouges, des précis de pathologie médicale qui fascinait Serge. Il était troublé par les objets, nous le ressentons pendant toute la visite. Charlotte nous explique qu’il n’allait jamais dans les librairies, jamais au cinéma, jamais dans les musées. Toute sa culture se faisait dans sa maison. Puis, un autre couloir principal nous mène à sa salle de bain, avec sa baignoire très basse, embellie par un énorme lustre assez bas suspendu au milieu de la pièce, ainsi qu’un bidet caché derrière la porte, « là où il se lavait les pieds et le reste. » Enfin, nous terminons par la pièce la plus touchante, la chambre à coucher de Serge. Très sombre, la moquette est abîmée du côté où il se levait et où il fut retrouvé mort, « de son côté du lit, à gauche avec une jambe qui ressortait » raconte Charlotte. Sur la table basse, des Smarties, des sucettes, des Stimorol… Le jour de sa mort, Charlotte, Kate et Bambou se sont allongées près de lui et « le temps s’est arrêté ». Elles sont restées très longtemps comme ça, nous dit-elle. L’émotion nous gagne en imaginant la scène dans cette pièce sombre devant nos yeux. Nous ressortons vraiment troublés par cette visite. Qui dure 30 minutes. Nous aurions aimé y rester des heures pour ressentir encore plus fort le mythe Gainsbourg.
Le musée
Rendez-vous en face, au 14 rue de Verneuil, désormais transformé en un musée dédié à des objets et des documents autour de Serge Gainsbourg. A l’intérieur, nous sommes invités à (re)découvrir Gainsbourg à travers un parcours découpé en huit chapitres chronologiques de la Rive Gauche du début des années 60 à ses années New-York, à la fin des années 80 jusqu’à sa mort le 2 mars 1991. Plus de 450 reliques gainsbouriennes sont exposées : des manuscrits, des photos, des vêtements, des bijoux et bibelots… Au sous-sol, une exposition consacrée au 45 tours des différentes versions de « Je t’aime… moi non plus » sans oublier le fauteuil tapissé de velours rouge qui était situé dans la maison qui a dû être transféré ici lors de l’aménagement pour les visites. Sur ce fauteuil, deux marionnettes à l’effigie de l’artiste : l’une offerte vers 1984 par un fan, l’autre réalisée par Pascal Gilbert.
Le Gainsbarre
Une autre porte abrite Le Gainsbarre : un café-restaurant, bar à cocktails et piano-bar, inspiré du début de la carrière de l’Homme à la tête de chou. L’imposant bar noir laqué et son fond lumineux en impose, tout comme le velours des fauteuils et des banquettes. La moquette reprend les mêmes même motifs que ceux de la maison au 5 bis rue de Verneuil. Côté restauration, c’est Moma Group qui signe la carte.
Maison Gainsbourg
14 rue de Verneuil, Paris VIIe
www.maisongainsbourg.fr
Sandra Hirth
Photographie principale : Sandra Hirth
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