La ville de Paris ne s’explore pas, elle se savoure. Elle se découvre par fragments, au détour d’une rue, d’une vitrine, d’une conversation. En ce week-end d’automne, la capitale rappelle à ceux qui la connaissent déjà qu’elle sait encore surprendre.
C’est un de ces week-ends qu’on n’a pas vraiment planifiés. Juste une envie de flâner, de goûter à la ville comme si c’était la première fois. Alors, on ferme l’ordinateur un peu plus tôt, on enfile son manteau le plus chaud, et on part sans véritable itinéraire, en laissant cette fin de semaine écrire le programme.
Les premières notes du week-end
Jeudi soir, Paris s’adoucit. Les ponts luisent, les façades rosissent sous les derniers feux du jour, et les esprits se délient. Au pied de la Tour d’Argent, le Bar des Maillets d’Argent s’éveille. Dans la nuit tombante, Ninon Hot s’installe au micro. À ses côtés Tian Mi caresse le piano, fait respirer les silences. À eux deux, ils font de ce lieu un écrin où se croisent habitués, amateurs de jazz et flâneurs. Derrière le comptoir, les gestes sont précis, presque chorégraphiques. Un zeste de citron, une larme de mezcal, de la poire. Trois cocktails signatures ponctuent la soirée : Clandestino, Peanut Bitter et Angel Share. La soirée prend alors des airs de promesse : celle d’un week-end qui ne saurait que trop tarder.
Le rendez-vous musical du Bar des Maillets d’Argent, La Tour d’Argent, 15 quai de la Tournelle, Paris Vème
Le bar est ouvert du mardi au samedi de 9h à 00h30. Artiste en résidence tous les jeudis soir de 20h à 23h30
L’Univers Ghibli en plein cœur de Paris
Samedi matin, la lumière pâle effleure les façades et glisse sur la rue de Rivoli. Là, un Totoro géant veille sur la nouvelle boutique éphémère Maison Ghibli, où le Japon a posé ses rêves. Le lieu célèbre les quarante ans du studio, et l’on y retrouve tout ce qui compose son imaginaire : tasses Noritake, rideaux noren, statuettes façonnées à la main, carnets ornés de visages familiers. Entre Chihiro, Mononoké et le Château ambulant, on s’abandonne à la rêverie. Les visiteurs flânent, rient doucement, se prennent en photo devant une peluche géante. Ce matin-là, Paris semble plus léger, comme si Miyazaki lui-même avait soufflé un peu de magie sur ses toits.
Maison Ghibli, 37 rue de Rivoli, Paris IVème
Jusqu’au 4 janvier 2026. Le lundi de 14h à 19h30, du mardi au vendredi de 11h30 à 19h30, le samedi de 10h à 20h et le dimanche de 14h à 19h
Passage Choiseul, la couleur pour remède
Quelques stations plus loin, le Passage Choiseul éclate de vie. L’automne s’oublie dans une explosion de teintes pop orchestrée par Yeah! Studio et Niniwanted. Leur pop-up store est un remède à la morosité : murs tapissés de typographies joyeuses, tables débordantes de carnets, mini-puzzles, stickers et furoshiki fleuris. C’est un joyeux capharnaüm de papier, de coton et d’idées lumineuses. L’air y sent la colle fraîche, le papier neuf et le café tiède. Les visiteurs papillonnent, les bras chargés de petits riens qui font tout. Dans ce Paris d’automne, le gris s’efface sous une pluie de couleurs.
Pop Up Store Yeaaahstudio x Niniwanted, 27 passage Choiseul, Paris IIème
Jusqu’au 29 novembre. Du lundi au samedi (hors jours fériés) de 11h à 19h
Tricoter le chic
Rue Vieille du Temple, Éric Bompard souffle ses quarante bougies. Les vitrines y sont des refuges de douceur, les pulls s’y enroulent les écharpes flottent, les bonnets ajoutent leur note de douceur absolue. Vert laurier, rose caméo, violet mûre… les couleurs mythiques, rappellent que la fantaisie sait être chic. Chaque pièce raconte une histoire de précision, de fils cardés et de gestes d’atelier. On touche, on essaie, on s’émerveille d’un col, d’une maille, d’une teinte. En ce samedi après-midi, on rêve soudain d’un hiver bien froid, juste pour avoir une excuse d’enfiler l’un de ces pulls parfaits.
Eric Bompard, 44 rue Vieille du Temple, Paris IVème
Du lundi au samedi de 10h30 à 19h30
Paris, de long en large et en images
Dimanche, Paris se regarde autrement. Les Photo Days s’installent dans plus de 90 lieux à travers la capitale et réinventent la ville sous mille angles. Au Louxor, les clichés de Sandra Guldemann Duchatellier dialoguent avec les fresques Art déco du lieu. Tissés de mémoire et d’exil, ils brouillent les frontières du temps. Aux Gobelins, de jeunes talents explorent la lumière et l’ombre à travers un flacon de Shalimar. On marche, on s’arrête, on s’émeut. Chaque image devient un fragment de Paris, un souvenir à emporter du bout des yeux.
Photo Days
Jusqu’au 30 novembre, à travers toute la capitale
Pause gourmande chez Maurice Sfez
Vers midi, la faim pousse à chercher refuge. Les auvents vert et blanc du Maurice Sfez Café nous tendent les bras. L’air y sent le beurre, la vanille et le café fraîchement moulu. La gaufre de Liège y règne sans partage : dorée, crousti-fondante, caramélisée à la minute. On la regarde cuire, on la savoure brûlante, les doigts encore tièdes de sucre. À côté, le muffin-sandwich compte ses fidèles, et les boissons en canette ajoute une touche de nostalgie. Entre deux bouchées, Paris prend soudain des accents de Bruxelles. Une parenthèse sans raison, juste parce que la vie, parfois, mérite du sucre.
Maurice Sfez Café, 14 rue Rambuteau, Paris IIIème
237 rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris VIIIème
115 avenue Victor Hugo, Paris XVIème
Du lundi au vendredi de 9h30 à 19h. Du samedi au dimanche de 10h à 19h30
Rive Gauche artistique
En traversant la Seine, le festival Photo Saint-Germain prolonge cette rêverie visuelle. Les galeries, les librairies et les musées ouvrent grand leurs portes à la lumière des images. Du Centre Culturel Irlandais, au Musée d’Orsay en passant par la Librairie 7L ou l’Atelier de Sèvre, on passe d’un univers à l’autre. Ici, une série documentaire sur la mémoire urbaine ; là, un travail plus intime, presque pictural. Les discussions s’improvisent sur les trottoirs, les regards se croisent, les idées s’échangent. À Saint-Germain-des-Prés, la photographie devient un dialogue entre passé et présent, instant et éternité. Le Paris des artistes reprend ses droits : cultivé, libre, foisonnant.
Photo Saint-Germain
37 lieux répartis entre le Vème, VIème et VIIème arrondissements
Du 6 au 30 novembre 2025, 37 lieux répartis entre les 5e, 6e et 7e arrondissements
Dernier chapitre du week-end
Pour clore la journée, cap sur la rue Bonaparte. Chez Assouline, les livres s’alignent. Architecture, photographie, voyage : chaque volume invite à l’évasion. On s’attarde sur les tables en bois sombre, on feuillette les derniers nés de la maison d’édition : From Louis to Vuitton traduit en français, The Connaught, Brigitte Bardot : Intime, London Chic. Le papier crisse légèrement sous les doigts, l’air sent l’encre et le cuir. À travers les vitrines, la nuit tombe sur Saint-Germain, les lampadaires s’allument, Paris est rassasiée. Le week-end s’achève comme un roman : sans vraie fin, mais avec l’envie d’un prochain chapitre.
Assouline, 35 rue Bonaparte, Paris VIème
Du lundi au samedi de 10h30 à 19h30 et le dimanche de 13h à 19h
Emma Bentzinger
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