A l’issue d’un vaste chantier de restauration et d’aménagement, le Grand Palais dévoile pour sa réouverture intégrale le 20 juin une œuvre d’art spectaculaire : un rideau monumental mesurant 15 mètres de haut sur 8 mètres de large composé de 9 pans mobiles suspendus aux solives qui laisse apparaitre la somptueuse verrière du Grand Palais.
Jeux de matières et de formes se superposent et se recomposent dans cet artefact sculptural. La palette chromatique du rideau s’inspire directement de l’architecture du monument : autour du vert réséda – teinte emblématique de sa structure métallique – s’étirent des dégradés subtils, du blanc au bleu profond, évoquant un horizon en mouvement.
À la fois fonctionnel et poétique, il rend hommage aux Métiers d’art tout en s’intégrant harmonieusement au monument. Que le rideau soit ouvert ou fermé, ses pans brodés restent visibles, comme un écho délicat aux gestes des artisans des Maisons d’art au cœur du monument.
Fruit d’une collaboration exceptionnelle avec le19M (lieu des Métiers d’art de CHANEL) l’œuvre représente 900 heures de conception et 720 heures de travail minutieux célébrant la richesse des savoir-faire d’excellence tout en sublimant la majesté de la verrière.
Ainsi, l’Atelier Montex a imaginé des broderies géométriques réalisées à l’aiguille avec des tubes en verre surélevés par des perles, dessinant des constellations précieuses. Les artisans de l’orfèvre Goossens ont façonné des fleurs en laiton doré, martelées et texturées, devenant quasi évanescentes, comme traversées par la pluie. La Maison Lesage a confectionné un tweed de coton qui apparaît dévoré par des broderies de perles et de sequins, sublimées par des gouttes de cristal. La Maison Lemarié dévoile une délicate constellation de plumes réalisée grâce au savoir-faire de marqueterie.
L’Atelier Lognon, plisseur révèle une seconde pièce : un plissé accordéon fantaisie réalisé selon une technique artisanale. L’atelier de la Maison Michel a assemblé et superposé plusieurs matériaux : feutre, gros-grain et raphia, illustrant respectivement son expertise chapelière, modiste et son savoir-faire de la paille. Massaro s’est inspiré des « bouts fleuris » typiques des brogues anglais pour créer des bandes de cuir crantées, cousues à la main au fil de lin ciré, puis teintés sur les bords. Façonnier spécialisé dans le grand flou, Paloma a mobilisé deux techniques de smocks mêlant broderie et ennoblissement textile. Le premier motif dessine des plis réguliers et minutieux, venant magnifier un crêpe de Chine. Le second réalisé sur un organza de soie, révèle des fronces rassemblées grâce à des points de broderie délicats.
Chaque bande ornementale, cousue à la main, témoigne ainsi d’un geste artisanal précis, qui transpose la virtuosité des Maisons d’art à l’échelle architecturale. La pièce complète devient un manifeste vivant : transmission, innovation et valorisation des Métiers d’Art se conjuguent au service d’un patrimoine réinventé.
N’hésitez plus : ouvrez le rideau !
Dolorès Gonzalez
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