Quatre marques, quatre visions, une même énergie : celle d’une joaillerie parisienne qui se défait des codes de la tradition pour se frotter au réel, au corps, au quotidien. Quatre créateurs dessinent les contours de ce nouveau récit.
Mara Paris
L’architecte de l’intime Ayça Özbank Taşkan a d’abord dessiné des bâtiments avant de dessiner des bijoux. Architecte de formation, passée par Istanbul, l’Europe et désormais Paris, elle a troqué le béton pour l’or, l’argent et le vermeil. En 2015, avec son mari, le designer Gökçe Taskan, elle fonde Mara Paris : une maison qui transpose les lignes modernistes et les volumes assumés de l’architecture sur le corps. Icône involontaire, le Pod Huff, pensé au départ pour maintenir des AirPods, est devenu pièce culte : à la fois pratique, sculptural et décalé. Dix ans plus tard, la maison souffle ses bougies avec Natura Forma, première incursion en haute joaillerie. Or et diamants s’y frottent à des formes organiques, comme si la matière reprenait ses droits.
Mara Paris. 29 rue Chapon, Paris 3ème
De 10h30 à 18h du lundi au samedi
Camille Surault
Capturer la lumière Photographe avant d’être joaillière, Camille Surault n’a jamais cessé de chasser la lumière. En 2023, elle lance sa maison et adopte une technique singulière, qui recouvre de métal un modèle en cire. De cette alchimie naissent des pièces en argent sterling, aériennes et organiques. Bagues, colliers et boucles accrochent le moindre éclat, reflètent sans saturer. Ici, la délicatesse n’est pas une faiblesse mais un parti pris. Ses bijoux donnent l’impression de porter un fragment de lumière plutôt qu’un ornement. Une radicalité rare dans un univers qui confond encore souvent abondance et prestige.
Camille Surault. www.camillesurault.com
ŌKAN Studio
L’énergie en mouvement Chez ŌKAN Studio, le bijou n’est jamais sage. Margaux Gripon les revendique comme des « sculptures à porter ». Le mot n’est pas trop fort. Bagues triples qui enlacent les doigts, manchettes aux cinq joncs, boucles qui embrassent le lobe… Ici, le volume est loi. Mais pas figé pour autant. L’argent, le vermeil et le laiton plaqué or sont travaillés avec une précision qui rend ces pièces spectaculaires étonnamment faciles à vivre. On les enfile pour marcher vite, lever la tête, vivre son quotidien. Des collections limitées, de Dancing K à Red Line, nourrissent ce sentiment de rareté. Mais plus que l’exclusivité, c’est l’énergie qui séduit : des alliés de caractères, plus que des trophées précieux.
ŌKAN Studio. 8 rue Charlot, 75003 Paris
De 11 à 19h du mercredi au vendredi, de 12h à 19h le samedi et de 13h à 18h le dimanche
Virginie Voncken
Les perles indociles Passée par Christian Lacroix, Jean Paul Gaultier et dix ans chez Lacoste aux côtés de Christophe Lemaire, Virginie Voncken a longtemps façonné les silhouettes de la mode avant de signer ses propres bijoux. En 2021, elle fonde sa maison et, trois ans plus tard, lance une première collection bâtie autour d’un matériau iconique : la perle. Mais pas la perle sage. Ici, elle est baroque, irrégulière, imprévisible. Mariée au laiton doré, elle devient le cœur d’un vocabulaire sensible qui revendique l’imperfection. Le collier Maillon, chaîne dorée interrompue par un mousqueton massif, condense cette écriture : un bijou pensé pour dialoguer avec le vêtement. Virginie Voncken compose une joaillerie intime, faite de paysages intérieurs et de fragments sensibles. Luxe brut, instinctif, vibrant.
Virginie Voncken. Du 6 au 12 octobre au 10 rue de Fourcy, Paris 4ème
Du 14 novembre au 21 décembre au 34 rue du Bourg Tibourg, Paris 4ème
Emma Bentzinger
Image principale : Camille Surrault
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