Simone Crestani est un artiste du verre, un créateur virtuose. Ses créations poétiques surprennent et séduisent tant elles sont délicates, fragiles, gracieuses, iconoclastes et originales. Lui dit qu’il est «d’abord artisan, avant d’être artiste». Car, insiste-t-il : «Le travail du verre est une technique très complexe qui exige des années d’études et un dévouement extrême. Travailler avec du verre chaud, comme je le fais, implique beaucoup plus de maîtrise. C’est comme apprendre à jouer d’un instrument. J’ai eu la chance d’apprendre cette technique alors que j’étais encore jeune. Je me sens privilégié d’être le médium par lequel le verre peut s’exprimer, dans la recherche continue de son plein potentiel. Mes pensées ont été forgées par les règles délicates du travail du verre : enflammées par les hautes températures de fusion, endiguées par le risque de casser, de résister à l’épreuve du temps, de chercher continuellement des limites à dépasser.» Simone dit qu’il «utilise le verre pour donner forme à (ses) pensées». Dans une osmose mêlant tradition et innovation, avec le matériau et la nature. «Les formes naturelles sont des exemples d’équilibre et d’élégance imparfaite. Je retravaille ces formes à travers le langage de l’art, les mélangeant à des contenus contemporains et donnant vie à une idée qui s’exprime ensuite dans mes œuvres.» Chaque pièce évoque des formes organiques imparfaites, comme des bonsaïs et des arbres déséquilibrés ou de drôles de carafes envahies d’insectes. «Le bonsaï est un concentré de vie, il surmonte la barrière de la taille et exprime force et énergie; c’est une œuvre d’art qui n’est jamais terminée, dans laquelle la nature continue de se développer et d’évoluer. Je façonne le verre, mais le résultat final a sa propre identité. Je l’aide à grandir et j’attends qu’il me donne une indication de l’équilibre qui lui permettra de s’exprimer.» Simone est convaincu que «le verre utilise (ses) mains pour dépasser les limites imposées par la technique». Il est né en 1984 à Marostica, à 30 km au nord de Vicence, pas très loin de Venise. En 2010, il a ouvert son propre atelier de verre à Vicence. En conclusion, il affirme: «Je ne sais pas pourquoi le verre me plaît autant ; je sais que je l’aime, tout simplement – et je ne peux penser à utiliser autre chose.»
Claude Maggiori
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