Kerry Washington est devenue ces derniers mois une personnalité importante aux Etats-Unis, prolongeant ses rôles engagés au cinéma: la star de la série à succès Scandal a été maîtresse de cérémonie pour la dernière soirée de la Convention démocrate en août à Chicago, puis elle a rencontré Kamala Harris à la Maison-Blanche…
Lorsque Scandal a fait ses débuts sur ABC en 2012, Kerry Washington était devenue la première femme noire à jouer le rôle principal dans une série dramatique sur une grande chaîne nationale depuis près de quarante ans. La série a été un énorme succès auprès de la communauté afro-américaine : certains soirs, plus de 10% des foyers noirs regardaient la jolie Kerry Washington incarner une avocate à Washington, énergique, intelligente, ultra-professionnelle et douée d’un sens politique aigu… très élégante, montée sur des escarpins Louboutin à semelles rouges. Au Hollywood Reporter, elle a déclaré il y a quelques mois: «Les gens voulaient que ce personnage imaginaire résolve leurs problèmes, et j’ai eu l’impression qu’il y avait un véritable décalage à ce moment-là, car nous vivons dans une démocratie; c’est nous, le peuple, qui détenons le pouvoir de débloquer les changements les plus importants, mais nous continuons à céder ce pouvoir à des personnages de télévision.»
Kerry Washington a aussi pris la parole aux GLAAD Awards, qui luttent contre l’homophobie et récompensent les œuvres et personnalités pour leur rôle dans la représentation de la communauté LGBT: «Il y a des gens dans ce monde qui ont tous les droits de la citoyenneté, dans nos communautés, dans nos pays, dans le monde. Et puis il y a ceux qui ne les ont pas. On pourrait penser que ceux qui n’ont pas accès à tous ces droits se rassembleraient et se battraient ensemble. L’histoire nous montre que, souvent, nous ne le faisons pas. Les femmes, les pauvres, les gens de couleur, les handicapés, les immigrés, les homosexuels, les lesbiennes, les bisexuels, les transsexuels, les intersexuels, nous avons été dressés les uns contre les autres et on nous a fait sentir que nous n’étions pas les bienvenus à table pour être dans cette “autre” catégorie. Nous devons être alliés… Quand quelqu’un est rabaissé, c’est notre humanité elle-même qui est remise en question.»
Lorsqu’on la questionne sur son action politique, Kerry répond: «Les gens me demandent souvent pourquoi je suis attirée par le travail politique. Je ne suis pas attirée par l’actualité politique, c’est juste que je suis une femme et que je suis une personne noire. Dans ce corps, lorsque je centre des histoires sur moi ou des histoires qui mettent en scène des personnes qui me ressemblent, c’est considéré comme politique, parce que le monde veut nous pousser vers les marges, et nous méritons tous d’être au centre de nos vies.»
Au cinéma, c’est en 2004 qu’on découvre la belle Kerry Washington, lorsqu’elle est choisie pour interpréter la femme de Ray Charles dans le film Ray, aux côtés de Jamie Foxx, qu’elle retrouvera chez Quentin Tarantino en 2012 dans Django Unchained. Mais c’est son premier rôle dans la série à succès Scandal qui va la rendre populaire.
En décembre 2024, sur Netflix, sortira son dernier film, Messagères de guerre (sortie le 20 décembre), un drame historique écrit et réalisé par Tyler Perry, où elle tient avec brio le rôle principal. Le film raconte et rend hommage à un chapitre méconnu de la Seconde Guerre mondiale: l’aventure hors du commun de la première et de la seule unité de couleur du Women’s Army Corps à se battre à l’étranger. L’extraordinaire mission de l’unité postale 6888, exclusivement féminine, formée par 855 femmes de couleur courageuses, était de trier un arriéré de courrier de trois ans (17millions de lettres au total!) qui n’avait pas encore été distribué aux soldats américains loin de chez eux, afin de restaurer leur moral sur les lignes de front. Et cela en combattant avec une farouche détermination la discrimination, le racisme et le sexisme, malgré des conditions de travail particulièrement éprouvantes: elles ont dû faire face à des obstacles presque insurmontables. Malgré l’importance de leur mission, le bataillon a été logé dans des baraquements séparés et mal entretenus, parfois même dépourvus de lumière et de chauffage. Grâce à leur volonté et à leur ingéniosité, ces femmes n’ont pas été découragées et ont créé leur propre communauté, avec un mess, un salon de coiffure et un bar. Elles ont réussi l’exploit d’accomplir leur mission en 90 jours, soit deux fois moins de temps que prévu. «J’avais l’impression que ces femmes étaient avec nous dans ce combat, a déclaré l’actrice. On ressentait leur esprit tout le temps.»
Kerry a raconté à un média américain une bien troublante anecdote: un habitant de la petite ville où l’équipe tournait s’est un matin approché et a demandé sur quoi portait le film. En apprenant qu’il s’agissait du combat de l’unité 6888, il a expliqué qu’il avait une contribution importante à faire pour le film. Le lendemain, il est venu avec une malle. Kerry raconte: «Il l’a ouverte devant nous : c’était la vraie malle de mon personnage, Charity Adams. Elle contenait ses uniformes, des graines de son jardin de la victoire. Elle contenait des lettres, des photos… C’était incroyable.»
Pour la deuxième saison de la série UnPrisoned (sur la plateforme Disney+), Kerry Washington, 47ans, a fait sensation en s’essayant à la pole dance et en publiant les vidéos de ses entraînements à la barre fixe sur les réseaux, ce qui l’a enchantée: «En tant qu’actrice, je commence toujours par le corps. C’est là que je débute vraiment le processus de travail, tout le temps. Donc pouvoir me lancer dans la pole dance et la lutte était très joyeux.»
Séraphin Bonnot
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