Dire qu’elle est belle est trop simple. Extrêmement sensuelle, terriblement sexy, tout en étant d’une étonnante douceur, est plus juste. Toujours spectaculaire sur les tapis rouges avec des robes plus hallucinantes les unes que les autres, avec presque toujours des décolletés plongeant jusqu’au nombril et des fentes qui remontent jusqu’en haut de la cuisse, Jennifer Lopez, 56 ans, JLo, parce qu’elle a même un surnom affectueux, actrice confirmée, chante, danse depuis des années… mais jamais elle n’avait joué à l’écran dans une comédie musicale.
C’est désormais chose faite, avec Le Baiser de la femme araignée, réalisé par Bill Condon, qui sortira cet automne.
La belle Latina a déclaré, les larmes aux yeux dans une sublime robe noire en dentelle délicate évoquant une toile d’araignée, créée par le designer albanais Valdrin Sahiti, qui ne cachait rien de sa silhouette de rêve : «J’ai attendu ce moment toute ma vie ! La raison pour laquelle je voulais devenir actrice, c’est parce que ma mère me faisait asseoir devant la télévision lorsque passait West Side Story, une fois par an, le jour de Thanksgiving. J’étais tout simplement fascinée. Grâce à Bill Condon, je réalise mon rêve.» Et elle a ajouté : «Ce rôle est fait pour moi, c’est le rôle pour lequel je suis née, c’est le bon. J’ai dû attendre, mais cela en valait la peine.» Le film, montré en avant-première au Festival de Sundance, a été la projection la plus courue et celle qui a suscité la plus longue salve d’applaudissements de spectateurs debout… La presse américaine lui promet une nomination aux Oscars 2026.
Le Baiser de la femme araignée est l’adaptation du roman à succès de Manuel Puig, déjà porté au cinéma en 1985 par William Hurt, devenu un classique sur les planches de Broadway, et raconte l’histoire d’un prisonnier politique endurci, Valentin Arregui (interprété par Diego Luna), dans l’Argentine sous la botte de la junte militaire au début des années 1980, qui voit arriver dans sa cellule un homosexuel décorateur de vitrines, passionné de cinéma, arrêté pour outrage aux bonnes mœurs. A qui la police a promis la liberté s’il parvenait à soutirer à Valentin des informations sur les secrets de la dissidence au régime… Luis trompe son ennui en racontant à son compagnon de cellule le scénario imaginaire d’une vieille comédie musicale hollywoodienne mettant en vedette son actrice préférée, une certaine Ingrid Luna, interprétée par Jennifer Lopez… Les deux hommes vont finir par se rapprocher.
Le film de Bill Condon fait penser à celui de Jacques Audiard, Emilia Pérez. Il élargit le huis clos carcéral par une douzaine de spectaculaires numéros de comédie musicale en technicolor qui rendent hommage aux classiques des années 1950. Salsa, mambo, Jennifer Lopez danse et chante avec une grande assurance dans un registre flamboyant et mélancolique. Tantôt Marilyn Monroe extra-blonde, tantôt Ava Gardner brune fatale… «Ce film montre comment l’amour peut combler n’importe quel fossé, a confié Jennifer Lopez à l’AFP. Ces deux personnes réunies en cellule ne pourraient pas être plus différentes – en termes de sexualité, de convictions politiques. Mais rien de tout cela n’importe. C’est exactement le genre d’histoire que nous avons besoin de voir en ce moment.»
Des propos tenus par la star une semaine après le retour au pouvoir de Donald Trump, qui a notamment promis de «stopper le délire transgenre». «Avec ce film, j’ai voulu combler les différences qui nous séparent», a expliqué le réalisateur, Bill Condon, avant de citer un extrait du discours inaugural de Donald Trump décrétant que seuls «deux sexes, masculin et féminin», seront désormais reconnus par l’état civil, et d’ajouter : «Vous verrez, mon film a un point de vue opposé. Depuis des années, les personnes transsexuelles sont les victimes d’une guerre culturelle. La promesse de ce film est que nous pouvons aller au-delà de ces préjugés et nous voir comme des individus.»
«Ce film montre comment l’amour peut combler n’importe quel fossé»
Jennifer Lopez, native de Brooklyn, d’origine portoricaine, a pris des cours de chant et de danse dès l’âge de 5 ans et a décidé dès 18 ans de se lancer dans le monde du spectacle. Après avoir débuté sa carrière dans la série télévisée In Living Color en 1990, elle est aujourd’hui, à 56 ans, à la tête d’une fortune estimée à 150 millions de dollars. Elle habite une splendide maison avec une immense piscine à débordement bordée d’arbres qui surplombe Beverly Hills. Elle cumule 30 millions d’auditeurs mensuels sur Spotify, a vendu 80 millions d’albums et joué dans 40 films ayant rapporté 3 milliards de dollars. Elle a partagé la vedette avec Richard Gere, à qui elle enseigne le tango dans Shall We Dance ? La Nouvelle Vie de Monsieur Clark, avec Robert Redford dans Une vie inachevée de Lasse Hallström et George Clooney, avec qui elle a formé un couple torride dans le polar Hors d’atteinte. Elle a rencontré Ben Affleck en 2003, sur le tournage d’Amours troubles (qui sera un échec critique et commercial). Elle a failli épouser celui qu’elle appelait «l’amour de (sa ) vie» il y a vingt ans, ils se sont finalement mariés à l’été 2022… pour divorcer en 2024.

©Photo by Jay L. Clendenin/Los Angeles Times via Contour RA by Getty Images
Madame Lopez a aussi fondé sa propre maison de production, Nuyorican, un mot qui mêle ses origines : New York et Porto Rico. «J’adore produire, explique la star. Je pense que c’était par nécessité, au départ. L’envie de créer davantage de projets, de vecteurs pour moi-même et pour les autres.»Lopez a été une pionnière dans sa communauté. Au quotidien espagnol El Pais, elle a déclaré être satisfaite de voir la musique latino être devenue le genre musical prédominant dans le monde entier. «C’est un monde différent maintenant et je suis très heureuse d’y avoir participé. Quand j’ai commencé à jouer, je m’en souviens très bien, on me donnait des rôles très stéréotypés. Je me disais : “Je veux être la fille qui tombe amoureuse dans le film ; je ne veux pas être sa femme de ménage ou quoi que ce soit.” Il s’agit toujours de briser les codes. Et d’ouvrir toutes les perspectives à d’autres personnes et à différents types de personnes pour qu’elles soient représentées dans nos films. Parce que c’est ça, la vie. Nous voulons que nos films et notre art représentent la vie.»
Bill Condon explique qu’il a écrit le rôle principal du Baiser de la femme araignée spécialement pour Jennifer Lopez : «C’est un peu doux-amer, car on se demande pourquoi on nous a privés de vingt-cinq ans de comédies musicales avec Jennifer Lopez. J’espère que cela ouvrira la voie à de nombreux autres cinéastes qui s’intéresseront à cet autre aspect de son talent. «C’est le top», répond Jennifer. Et elle conclut, en riant : «Je ne veux plus faire que des comédies musicales !»
Séraphin Bonnot
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