Florence Mendez est humoriste et autrice. Résiliente et furieusement engagée, elle fait rire pour faire réagir. La notion de filtre, de tact, elle ne connaît pas. Et c’est tellement rafraîchissant…
Militante, Florence Mendez a choisi de faire rire pour se faire entendre. L’humour, la scène, la jeune femme belge y est venue après qu’un humoriste franco-québécois, rencontré par hasard sur les réseaux sociaux, lui a donné sa chance en lui proposant de devenir coautrice dans une émission. «J’ai toujours aimé me mettre en scène, et su que j’avais de la répartie. Enfiler ma carapace et clouer le bec aux gens, ça a été ma seule arme pour me défendre contre le monde depuis que je suis petite.»
Le truc de Florence Mendez, c’est le stand-up. Florence Mendez parle seule, sur scène, de ce qu’elle connaît, et qui se résume en un mot, la différence : elle a été harcelée à l’école ; a subi des violences psychologiques au sein de son couple ; a été diagnostiquée autiste (syndrome d’Asperger) et HPI sur le tard, à 30 ans, après avoir été soudainement prise de trouble panique, maladie qu’elle a mis longtemps à identifier…
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Toute sa vie elle a cherché sa place. «Quand tu vois quelqu’un en chaise roulante, tu l’aides, mais un handicap invisible, comme ça ne se voit pas, les gens oublient, et nous, les neuroatypiques, on souffre. Les gens pensent que c’est nous qui devons nous adapter, mais c’est impossible. C’est la société qui doit changer !» Elle a même essayé de se suicider en se disant que le monde, et notamment son fils, vivrait mieux sans elle et ses lourdeurs. Elle a évoqué ce thème dans un roman qu’elle a publié en 2024 intitulé Accident de personne. Et elle planche déjà sur un deuxième ouvrage : «Il raconte l’histoire d’une fille qui, harcelée à l’école, veut organiser une tuerie…»
« Les gens pensent que c’est nous qui devons nous adapter, mais c’est impossible. C’est la société qui doit changer !»
Mais, loin de se poser en victime, Florence Mendez ouvre sa bouche. En ayant conscience qu’elle fait bouger les choses autant qu’elle se tire une balle dans le pied, dans ce monde encore trop patriarcal. Elle s’est en quelque sorte résignée à ne probablement jamais devenir comédienne, ce qui a pourtant toujours été son rêve. Et de raconter la façon dont elle s’est désistée d’un rôle qu’elle avait accepté dans un film d’une jeune réalisatrice, parce que cette dernière avait déclaré qu’elle ne prendrait pas publiquement position contre son père, cinéaste de renom, accusé de viol par plusieurs comédiennes. «Je comprends son choix et sa position ; toutefois, je ne peux pas cautionner cela.» Car l’autre grand combat de Florence, c’est le féminisme. Elle dénonce sans relâche le patriarcat ambiant. D’ailleurs, elle ne se fait pas que des copains.
On se souvient du #MeToo Stand-up qu’elle a initié l’an dernier pour fustiger son comparse Seb Mellia, accusé de viol. «Même si je dérange, je surfe sur une vague. Je suis fort soutenue par la communauté féministe. Désormais, la notion de sororité prime : quand tu tapes sur une femme, tu tapes sur cent femmes. C’est ça qui est beau. Cela ne signifie pas qu’on est toutes amies, à se faire des tresses dans les cheveux, mais, par rapport aux violences sexistes et sexuelles, on fait de plus en plus bloc.»
«Même si je dérange, je surfe sur une vague. Je suis fort soutenue par la communauté féministe»
Ceci dit, elle ne se fait des copains nulle part… Il suffit de savourer ses chroniques sur Radio Nova, par exemple, un des rares médias qui continue à la laisser s’exprimer (elle a en effet été remerciée de France Inter après un épisode de harcèlement, et de M6 après avoir traité Gérald Darmanin de «violeur»…). Elle y «roast» Jordan Bardella, Cyril Hanouna, Jean-Marie Le Pen, et bien d’autres, et, avec son visage de poupée, sa voix chantante et sa fossette au creux de la joue, plus elle lance des scuds, plus ça pique.
Elle sait que sa «cash attitude» dérange, qu’elle «gratte»… et ça la réjouit ! Nous aussi. «Il ne faut jamais arrêter de l’ouvrir, ce n’est que comme ça qu’on va faire reculer le sexisme, l’homophobie, le racisme. N’oublions pas que nous sommes nous-mêmes le fruit de luttes sociales acharnées. Il faut continuer !»
Charlotte Guillemin
«Accident de personne» (Massot Editions).
Chronique à écouter dans l’émission «La Dernière», le dimanche de 18 h à 20 h sur Radio Nova.
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