Qui n’aime pas Emma Stone ? Personne. Emma Stone réussit l’exploit, rare de nos jours de rage et de fiel, de n’être détestée par personne (pas à notre connaissance, en tout cas). Pas de casseroles, pas de polémiques haineuses sur les réseaux, pas d’articles inquisiteurs ni de révélations gênantes… Juste une bienveillance générale, une sympathie naturelle, spontanée.
Emma Stone n’est pas la plus belle, pas vraiment la plus sexy… ses mensurations sont banales, pas de blondeur spectaculaire ni de robe scandaleusement audacieuse sur les tapis rouges… Non, Emma Stone épate par sa simplicité et la complexité des personnages qu’elle incarne. Est-ce ce qu’elle veut dire lorsqu’elle déclare avec ironie : «C’est sûr, je ne suis pas faite pour être une actrice» ? Emma Stone est une star mondiale d’un nouveau genre, simple et moderne. Pourtant, ses choix de rôles ne manquent pas d’audace.
La belle a déjà reçu, à 36 ans, deux Oscars, le premier, celui de la meilleure actrice, pour son rôle dans La La Land, le deuxième pour Pauvres créatures, où Stone incarnait Bella, une femme enceinte, morte par suicide et réanimée grâce au cerveau de son propre bébé… En chemin, il y a eu La Bataille des sexes, La Favorite, une série télévisée intitulée Maniac, Kinds of Kindness, la minisérie The Curse et Cruella, la saga mode inspirée des 101 Dalmatiens…

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En 2020, elle a épousé le scénariste et réalisateur du Saturday Night Live, Dave McCary, avec qui elle a monté une société de production, et l’année suivante est née la petite Louise Jean : «C’est le plus beau cadeau de ma vie, c’est sûr», avoue l’actrice. En novembre va sortir le déjanté Bugonia, inspiré d’un film sud-coréen de 2003 intitulé Sauver la planète verte !, le dernier film qu’elle a tourné avec son réalisateur complice, Yorgos Lanthimos, cinéaste provocateur, rebelle aux diktats hollywoodiens. Qui a déclaré : «Emma veut être passionnée par ce qu’elle fait, essayer des choses différentes. Pour elle, c’est surtout l’expérience qui compte.»
Dans Bugonia, le personnage de Stone est une PDG d’une grande entreprise pharmaceutique kidnappée par deux complotistes profondément convaincus qu’elle est une… extraterrestre venue de la galaxie d’Andromède déterminée à détruire la Terre. «Je suis attirée par les films qui posent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses, confie Stone. Plus c’est difficile, plus j’aime ça. Si vous ne progressez pas ou ne vous dépassez pas, et j’ai l’impression que c’est le cas pour la plupart des gens, quel que soit le métier, vous stagnez.»
Lors de la conférence de presse de Bugonia, à la Mostra de Venise, en septembre, un journaliste a demandé à Stone si elle croyait qu’une intelligence ultime «nous surveillait et pourrait nous sauver la vie». L’actrice a répliqué avec beaucoup d’assurance et d’humour : «Je ne sais pas si on nous observe de là-haut, mais l’une de mes personnes préférées est l’astronome Carl Sagan, et je suis tombé folle amoureuse de sa philosophie, de sa science et de son génie. Il croyait profondément que l’idée que nous sommes seuls dans ce vaste univers – et non que nous sommes surveillés – était assez narcissique. Alors, oui, je le dis ouvertement : je crois aux extraterrestres !»
Un autre journaliste l’a interrogée sur la manière dont elle gérait son immense succès et sa célébrité planétaire «sans se transformer en extraterrestre», Stone a répondu dans un sourire espiègle : «Comment savez-vous que je ne suis pas une extraterrestre?» Puis, elle a précisé : «Nous n’avons pas beaucoup de contrôle sur notre image. Nous vivons tous avec le sentiment que les gens croient vous connaître. Parce qu’il y a moi, et puis il y a moi, ici, le moi public, un avatar de moi-même. Il y a la personne qui vient devant vous et la personne que je suis avec mes amis et ma famille, je les sépare dans mon esprit, peut-être même un peu trop. Mais c’est un mécanisme de survie. C’est la même personne, mais c’est ma technique pour rester saine d’esprit.»

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Dans Bugonia, les deux hommes qui enlèvent le personnage joué par Emma Stone, persuadés qu’elle est une alien venue détruire l’humanité, croient aussi que sa force est dans ses cheveux et, donc, lui rasent la tête à la tondeuse électrique sur la banquette arrière d’un Range Rover volé… Rasage tout à fait réel sur le tournage : ce sont les vrais cheveux de Stone qui disparaissent ! Curieusement, Emma Stone a été ravie de l’expérience : «C’est la meilleure sensation au monde ! La première douche après s’être rasé la tête ? Oh, mon Dieu, c’est génial ! J’étais déçue de ne pas pouvoir sortir comme ça, juste chauve, sans perruque, je pense que ça aurait été très amusant», a-t-elle confié au Vogue américain. Une vraie fille toute simple.
Séraphin Bonnot
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