Alexis Mabille
A l’occasion des 20 ans de la maison, Alexis Mabille a réuni des artistes, des clientes et des amies évoluant dans des univers différents : la danse, le cinéma, le design, la musique. Plutôt qu’un traditionnel défilé, le créateur parisien a préféré une approche plus personnelle. Chaque pièce de la collection, intitulée « We are amazing » a été imaginée pour refléter la personnalité et souligner l’individualité de celle ou celui qui la porte. Ont été invitées Dita von Teese, l’amie de toujours, la photographe Ellen von Unwerth, la danseuse Marie-Agnès Gillot, les actrices Audrey Marnay, Kim Higelin et Bérénice Bejo… ainsi que quelques sublimes mannequins. Ici, Paula Engbert dans un long fourreau plastron de crêpe mousse noir, à double-boutonnage cristal et ceinture de satin noire. « C’est une collection un peu famille » nous a confié Alexis Mabille.

Long fourreau plastron de crêpe mousse noir, à double boutonnage cristal et ceinture de satin noire, Alexis Mabille
Ashi Studio
Ashi Studio La collection « Velvet Underground » de Ashi Studio est un hommage au Paris des boudoirs et à la femme bourgeoise des années 1960. « Ma collection printemps 2025 est née à partir d’un moment spécifique de ma vie, celui où la femme s’émancipe sans retenue et aspire à être la seule maîtresse de son destin », a déclaré le directeur artistique Mohammed Ashi, premier créateur du Golfe à participer à la semaine de la couture à Paris. Les silhouettes allient structure et fluidité, avec des corsets architecturés, des jupes ultra bouffantes et des robes fourreau aux lignes épurées. La collection se distingue par un audacieux jeu de contrastes, telle cette jupe volumineuse en velours, brodée de perles et de pierres portée porté avec un raffiné soutien-gorge en dentelle de Chantilly.

Jupe volumineuse en velours, brodée de perles et de pierres, soutien-gorge en dentelle de Chantilly, Ashi Studio
Valentino
Intitulée « Vertigineux », cette collection marque les débuts d’Alessandro Michel en tant que directeur artistique de la maison Valentino. Les volumes sont imposants, telle cette robe en tulle ivoire à pois noirs floqués, portée avec de longs gants transparents du même motif. Brodés de perles, de strass et de plumes, les masques jouent un rôle central dans la collection et rappellent les codes de la Commedia dell’arte.
« 500 heures de travail, ode à un rossignol, John Keats, Chapeau.035.942.86.1, plumes, oracle, queue, cinéma silencieux, zouave, culotte, garbo, faisant, mercure, déesse ailée, blanc dunluce 266, linné, 2978EA4, Carl Gustav, jointures, anatomie de vol, blouse… » Pour sa première collection haute couture pour Valentino, Alessandro Michele s’est inspiré du livre « Vertige de la liste » de Umberto Eco. Ainsi, chaque silhouette est décrite avec une liste de plus de 200 mots. Chaque robe est donc le nouage de significations hétéroclites. A gauche, une majestueuse blouse plissée en georgette, mousseline et organza aux manches ultra longues ornée de volants et orné d’éléments dorés. Un pantalon ample noir en velours et sergé noir, contraste avec sa légèreté et apporte une touche théâtrale. De très longues plumes noires s’échappent du chapeau en feutre. Les volumes sont imposants, à droite, telle cette robe en tulle ivoire à pois noirs floqués, portée avec de longs gants transparents du même motif. Brodés de perles, de strass et de plumes, les masques jouent un rôle central dans la collection et rappellent les codes de la Commedia dell’arte.
Stéphane Rolland
« Comment deux êtres ont conquis le monde par leur liberté d’expression. Initiateurs et avant-gardistes; Joséphine danse et chante, Brancusi sculpte et Paris s’enflamme. Joséphine sublime le corps et le libère, Constantin révèle les formes primaires et polis le bronze pour en révéler toute sa lumière. C’est de cette union d’esprits et de formes que mon trait prend vie et démarre la collection » a expliqué Stéphane Rolland. Une palette sobre, oscillant entre le blanc, le noir, l’ivoire et des bruns, met en avant des coupes élégantes et éthérées, les transparences valorisent les mouvements du corps et les plumes font référence à l’Oiseau de Brancusi. Ici, une longue robe bustier en crêpe blanc et vasques de gazar, minutieusement brodée de plumes ivoire. Le défilé a également eu une dimension solidaire, car les recettes ont été reversées à la Fondation des Hôpitaux et des ateliers créatifs ont été organisés avec des adolescentes en difficulté.

Longue robe bustier en crêpe blanc et vasques de bazar, brodée de plumes ivoire, Stéphane Rolland
Dior
« Nous sommes partis du miroir d’Alice, et nous avons pénétré dans un monde nouveau. Un peu comme l’atelier, où l’on peut tout créer, tout expérimenter. Cette collection a donc été un merveilleux voyage, dans une période où j’aime me plonger dans l’histoire de la mode », a déclaré Maria Grazia Chirui lors d’une avant-première au défilé. Intitulée « Twilight Reverie », cette collection mêle références aux silhouettes emblématiques de la maison, et en particulier la collection Trapèze réalisée par Yves Saint laurent pour Dior et éléments de fantaisie inspirés de l’univers d’Alice au pays des merveilles. Des crinolines revisitées, des jupes à panier modernisées, capes transparentes et des motifs floraux brodés apportent une touche de féérie à l’ensemble. Ici une robe courte en organza rebrodé de dentelle d’or et de paille travaillée sur une petite crinoline en gros-grain (image de gauche) et une robe crinoline en bambou brodée comme un jardin miniature en paille, en raphia et dentelle, avec des libellules, des papillons et même des escargots (image de droite).
Natan
Cette saison, la maison Natan explore le thème de la fleur. Trois modèles ont été brodés à partir des collages poétiques de l’artiste néerlandaise Nicola Kloostermans créés avec des images le souvent issues de magazines de mode. Sur des jupes et robes en vinyl d’un délicat jaune ou bleu pâle, des orchidées créées aussi en vinyl , ont été apposées. Ici un gracieux top cage a été confectionné avec des fils de métal perlé aux reflets métallisés, entrelacés et ornés de fleurs. Il couvre avec délicatesse un bandeau brodés de sequins de paillettes

Top cage en fils de métal perlé aux reflets métallisées, entrelacés et ornés de fleurs, bandeau et jupe brodé de sequins de paillettes, Natan
Giambattista Valli
Très attaché au Maroc, Giambattista Valli a baptisé sa collection « Les jardins de Ménara », l’oasis de Marrakech célèbre pour ses vastes oliveraies et son bassin où se reflète un joli pavillon du XIIème siècle. Le créateur italien a souhaité transmettre un sentiment de beauté apaisante, d’élégance joyeuse et intemporelle dans une gamme de couleur flamboyante avec une explosion de rose vifs et de rouges profonds, telle cette robe “Venus” en faille de soie rouge écarlate avec un grand nœud drapé.
La robe boule est clairement une tendance forte des collections couture du printemps été 2025. Ici, comme un petit oiseau, une mini-robe cape est entièrement recouverte de plumes teintées à la main dans des nuances de rose fuchsia et magenta. L’encolure est haute, renforçant l’effet sculptural. Fidèle à son univers féminin et élégant , Giambattista Valli crée des silhouettes qui évoquent la légèreté, la fête et la joie de vivre, tout en rendant hommage au savoir-faire artisanal de la haute couture.
Kevin Germanier
Kevin Germanier, l’un des talents les plus prometteurs du moment, a marqué les esprit avec cette collection, intitulée les Globuleuses, mêlant innovation, durabilité et une esthétique résolument avant-gardiste. Fidèle à son engagement, il a collaboré avec des artisans du monde entier pour transformer des matériaux récupérés. Ici, une volumineuse jupe upcyclée brodée de fausses plumes métallisées avec un bustier rectangulaire en paillettes.

Jupe upcyclée brodée de fausses plumes métallisées avec un bustier rectangulaire en paillettes, Kevin Germanier
Jean-Paul Gaultier
Après Olivier Rousteing, Glenn Martens et Nicolas di Felice, Ludovic de Saint Sernin revisite l’univers de Gaultier tout en y insufflant sa propre sensibilité sensuelle et queer. Il est le huitième et plus jeune designer invité à réinterpréter les codes de la maison Jean-Paul Gaultier le temps d’une collection haute couture. Dans cette collection, qu’il a nommé Le Naufrage, il a choisi de développer le thème de la mer, avec les sirènes, les pirates et les créatures mythologiques. Les tissus fluides évoquent l’eau, les coupes longues et moulantes évoquent la queue des sirènes, le latex imprimé simule une peau de créature marine, des robes sont en micro-filets. Ici une robe fluide drapée en tulle de soie ivoire plissée en accordéon ceinturée par 12 mètres de corde de gréement filée de sequins métallique, évoque les cordages des navires.

Robe fluide drapée en tulle de soie ivoire plissée en accordéon ceinturée par 12 mètres de corde de gréement filée de sequins métalliques, Jean-Paul Gaultier
Rahul Mishra
Témoin de la grave crise de pollution atmosphérique qui a touché Dehli et confronté au décès de son père, le créateur indien Rahul Mishra a développé une réflexion sur la vulnérabilité humaine, et sa responsabilité vis-à-vis de la planète. Il a nommé la collection The Pale Blue Dot en référence à la célèbre photographie de la Terre prise par la sonde Voyager 1. Une série de robes, capes et bustiers représentent un décor urbain, sombre, fait de gratte-ciels stylisés. Symboles du pouvoir de renaissance de la nature, des robes dorées, richement brodées d’or et de sequins apportent une touche d’optimisme, telle cette micro-robe surréaliste magnifiquement brodée d’or. En son centre, on découvre à travers le trou d’une serrure une biche étrangement allongée dans un salon. Plus de 2 000 artisans ont travaillé à cette collection.

Micro-robe brodée d’or et de sequins, Rahul Mishra
Schiaparelli
Daniel Roseberry, directeur artistique de la maison Schiaparelli, a intitulé sa collection Icarus, pour exprimer l’idée de s’élever toujours plus haut, de repousser toujours plus loin les limites de la haute couture. Son objectif était de créer des vêtements qui incarnent l’antiquité et la modernité à la fois. Il a fait du corset l’élément central de sa collection. Avec des rembourrages invisibles, il redessine la taille et les hanches donnant aux robes des formes d’une grande majesté. L’esprit ancien, provenait d’une boîte de rubans de couture lyonnais du début du XXe siècle. Ici un sculptural corset confectionnée dans un moiré brun issu de cette boîte.

Corset confectionnée dans un moiré brun, Schiaparelli
Chanel
Rose et violet, bleu azur, rouge flamboyant, jaune lumineux… Chanel explore la couleur à travers un jeu d’associations subtil de coloris. La collection suit un cycle chromatique complet, du jour à la nuit, débutant avec des teintes douces de l’aube, évoluant vers des tons plus vifs et se terminant par des bleus nuit et des noirs scintillants. Toutes les couleurs sont utilisées, sans oublier le duo noir et blanc emblématique de Gabrielle Chanel, tel cet ensemble en tweed à sequins orné de galons, dont la veste est embellie de manches d’organdi fleuri brodé de cristaux. Cette collection qui célèbre le 110e anniversaire de la haute couture de la maison, dans un contexte de transition entre le départ de Virginie Viard et l’arrivée prochaine de Matthieu Blazy séduit par sa fraîcheur contemporaine.

Ensemble en tweed à sequins orné de galons, manches de veste en organdi fleuri brodé de cristaux, Chanel
Georges Hobeika
Cette collection a été conçue en hommage à Marie, la mère de Georges Hobeika, récemment disparue. C’est elle qui a enseigné au créateur l’art de la couture, de la broderie et de la quête de l’excellence. Un héritage qu’il transmet aujourd’hui à son fils, Jad. Ici, une robe en crêpe brodée noire portée avec un manteau oversize entièrement brodé de plumes fait preuve du savoir-faire hors norme des ateliers libanais.

Robe en crêpe brodée noire portée avec un manteau oversize entièrement brodé de plumes, Georges Hobeika
Juana Martín
Seule maison espagnole intégrée au calendrier officiel de la Haute Couture parisienne, la créatrice Juana Martín revisite les codes de son héritage andalou notamment le flamenco, dans une approche contemporaine. Inspirée par des figures légendaires telles que Lola Flores et Carmen Amaya, Juana Martín propose une collection intitulée « Identidad » qui exalte la force des femmes. Ici, un ensemble marron chaud en satin duchesse au volumes presque aériens.

Ensemble marron chaud en satin duchesse, Juana Martin
Gaurav Gupta
Across The Flame est une collection née d’une épreuve personnelle traumatisante : Gaurav Gupta ayant risqué la mort lors d’un incendie à Dehli, aux côtés de sa compagne la poétesse, Navkirat Sodhi. Cet expérience a conduit le créateur indien à une profonde introspection qui a influencé sa création. « Cette collection est une offrande à la lumière qui demeure en chacun de nous. À travers les flammes de l’adversité, nous avons trouvé non seulement la survie, mais une renaissance qui redéfinit les limites de la création et de l’amour », a confié Gaurav Gupta. Une robe Twin Flame en soie orange profonde drapait deux modèles identiques comme dans une étreinte. Les teintes nouvelles, violet crépusculaire, bleu spatial et ocre solaire, évoquent la transformation intérieure. Chaque pièce est conçue avec des matières porteuses de sens, comme ces brocarts tissés à la main à Bénarès, et plus de 20 000 cristaux colorés subliment la collection. Ici un plastron bleu nuit, en métal laqué, et une longue robe fluide aux drapés évoquant les flammes, avec des mantras tissés à la main dans le tissu.

Plastron bleu nuit, en métal laqué, et une longue robe fluide aux drapés avec des mantras tissés à la main dans le tissu, Gaurav Gupta
Anne Delalandre
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