Emmanuel Perrotin définit le galeriste comme un accompagnateur, un montreur, un découvreur, un producteur aussi. «Il faut pouvoir trouver des modes opératoires créatifs pour intéresser un grand nombre de personnes à l’art contemporain et ainsi éviter l’effet de lassitude», dit-il. Présent dans six villes du monde avec ses galeries Perrotin (Paris, New York, Hongkong, Séoul, Tokyo et Shanghaï), le pari est gagné. «Il n’y a jamais eu autant de galeries, autant d’artistes qu’en ce moment qui vivent de leur métier.» La forme d’art la plus achetée reste le tableau. «Ceux qui l’achètent ont à cœur de posséder quelque chose d’unique, mais surtout ils offrent la possibilité à un artiste vivant de pouvoir continuer et de faire fonctionner tout un écosystème constitué d’autres métiers, comme les encadreurs, les fabricants…» Emmanuel Perrotin a des liens très forts avec ses artistes. En octobre, il a réussi à offrir vingt œuvres d’art cachées sous la nef du Grand Palais. L’entrée était gratuite, et, si vous en trouviez une, elle était à vous… Parmi les œuvres de JR, Bernard Frize, Jean-Michel Othoniel, il y en avait une de Takashi Murakami, qu’il cite comme étant l’un de ses «contes de fées», comme avec Damien Hirst ou Maurizio Cattelan. Ils ont connu dix ans de vaches maigres ensemble avant le succès. En ce moment, vous pouvez découvrir dans sa galerie parisienne : Hernan Bas, rencontré à Miami dans les années 1990 ; Johan Creten, qu’il suit depuis trente-cinq ans et pour qui il a eu un coup de foudre artistique lors de son exposition au Louvre ; et Daniel Arsham, qu’il expose depuis seize ans et qui a aujourd’hui une carte blanche au Musée Guimet.
Hernan Bas
Les peintures expressionnistes figuratives très détaillées de Hernan Bas sont ouvertement inspirées de l’esthétique décadente de la fin du XIXe siècle, mais aussi du style symboliste et décoratif des nabis. C’est la cinquième exposition que la galerie consacre au peintre américain : on pourra découvrir treize nouveaux tableaux créés par l’artiste pendant le confinement dans son studio de Miami. Figures récurrentes de l’univers fastueux assumé de l’artiste, de jeunes hommes adultes peuplent des mises en scène presque surréalistes, empreintes des vestiges d’une angoisse adolescente et d’une fragilité face à la masculinité en devenir.
Johan Creten
Johan Creten travaille de façon itinérante depuis vingt-cinq ans, de Mexico à Rome, de Miami à Amsterdam. Il vit actuellement à Paris. Il commence à travailler l’argile à la fin des années 1980, à une époque où ce matériau est encore tabou dans le monde de l’art. Pionnier du renouveau de la céramique moderne, Johan Creten continue à influencer aujourd’hui toute une génération de jeunes artistes. C’est sa quatrième exposition personnelle à la galerie de Paris.
Creature comforts Hernan Bas et Entracte Johan Creten
Galerie Perrotin, 76 rue de Turenne, Paris IIIe.
Jusqu’au 30 janvier 2021.
Sandra Hirth
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