À Paris, certaines ouvertures de boutiques relèvent davantage de la mise en scène que du simple point de vente. Tour d’horizon des lieux qui transforment l’acte d’achat en expérience sensorielle.
Moynat : une halte sur l’avenue Montaigne
Au 34 de l’avenue Montaigne, Moynat s’installe. Dès l’entrée, l’espace s’ouvre comme un salon privé, baigné d’une lumière douce, feutrée. L’esprit de Pauline Moynat, pionnière de la maroquinerie, plane dans l’atmosphère : ses malles sur mesure, pensées pour durer, voyager, vivre, semblent avoir inspiré l’ensemble. La boutique elle-même prolonge cette mémoire. Ses textures, ses volumes, son calme. Au coeur du lieu : la capsule 34M, exclusive, imaginée pour l’ouverture et nommée d’après l’adresse. Une série confidentielle, réservée aux initiés. À l’entrée, une malle monumentale rend hommage au patrimoine de la maison et accueille les artisans venus personnaliser chaque pièce, en direct. Luxe ultime : l’inimité du geste.
Où : 34 avenue Montaigne, Paris VIIIeme
moynat.com
Van Cleef & Arpels : un pop-up enchanteur
C’est un événement rare : Van Cleef & Arpels inaugure une nouvelle adresse parisienne, la première depuis 1906. Installée au 6 rue de Sèvres, à deux pas du Bon Marché, cette boutique éphémère de 200m2 se découvre comme un jardin secret. Ici, le tumulte de la ville s’efface dès le seuil franchi. Les murs se parent de feuillages stylisés, les matières se font légères, la lumière modulée. L’enchantement opère. Les collections iconiques – Alhambra, Perlée, Frivole – s’y dévoilent dans une scénographie onirique, entre galerie d’art et cabinet de curiosités. Ce lieu suspendu affirme le lien de la maison avec la Rive Gauche : ses lettres, sa lenteur, son raffinement. Ephémère, certes. Inoubliable, surtout.
Où : 6 rue de Sèvres, Paris VIeme
vancleefarpels.com
ALT Paris : l’art du bijou en clair-obscur
Au 84 du Passage Choiseul, ALT Paris célèbre ses trois ans en dévoilant une seconde adresse. Plus qu’une boutique, une alcôve. Ici, le silence a été pensé comme décor. Le comptoir traditionnel a disparu, remplacé par une table monolithique en béton ciré, dessinée par Marlot Baus. Une scène minérale, presque sacrée, autour de laquelle se réinvente le rituel de l’achat. Les présentoirs s’effacent au profit de sculptures céramiques, modelées par Marion Strohmenger. Objets poétiques qui capturent la lumière du jour pour mieux la déposer sur l’or, l’argent, le vermeil. Chaque détail convoque une esthétique du temps suspendu : sol brut, murs laiteux, volumes épurés…tout ici joue le contraste du brut et du précieux, de l’ombre et de la lumière.
Où : 84 passage Choiseul, Paris IIeme
alt-paris.com
Jacques Solovière Paris : une boutique à pas comptés
Rue Molière, à quelques pas du Palais-Royal, la nouvelle boutique Jacques Solovière Paris affirme une vision épurée du chic parisien. Pensé par Alexia Aubert, le lieu se déploie comme un écrin. Les murs mats – grège, sable, pierre – prolongent la minéralité d’un sol en béton poli. Tout ici semble avoir été taillé dans la même matière. Lignes fluides, angles fondus, mobiliser sur mesure : rien ne vient troubler la quiétude. Les chaussures s’inscrivent dans cette architecture comme des sculptures. À l’arrière, un banc chocolat invite à l’essayage dans une atmosphère intime, presque domestique. Le miroir arrondi, évoque les intérieurs parisiens d’autrefois. Silence, lumière, matière : une boutique comme un murmure.
Où : 3 rue Molière, Paris Ier
jacquessoloviereparis.com
Victoria Leivissa : l’Inde à portée de main
À deux encablures des Tuileries, Victoria Leivissa signe sa première adresse parisienne. Un écrin solaire, raffiné, intensément personnel. Le lieu, pensé comme un voyage intérieur, mêle les codes d’un appartement haussmannien, d’un palais indien et d’une échappée à Ibiza. Le sol en damier noir et blanc guide le regard vers un espace baigné de lumière. Les murs, eux, glissent du blanc au rouge en passant par le rose signature de la maison. Au fond, des fresques florales inspirées des miniatures indiennes. Des colonnades rayées dessinent l’espace, tandis qu’un miroir orné de mosaïque capte la lumière et reflète les pièces en apesanteur exposées dans la vitrine. La créatrice célèbre ici l’artisanat au féminin : broderies indiennes, paniers tressés à Madagascar. Entre savoir-faire et rêverie, cette boutique est une invitation au voyage… sans quitter Paris.
Où : 12 rue du Mont-Thabor, Paris Ier
victoria.leivissa.com
Emma Bentzinger
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